1998 - Récit de voyage à Dubaï - Chpt du monde

Championnat du monde d'endurance équestre organisé sous le couvert de la Fédération Internationale Équestre aux Émirats Arabes Unis le 10 décembre 1998

Lundi 7 décembre 1998.

A minuit un premier regroupement s'opère à Kergornec au domicile de Jeannine et d'Yvon Ollivier, notre champion. Nous faisons la connaissance de Marie Françoise et Étienne le Méhauté. Café et biscuits nous sont offerts par Jeannine, avant de prendre la route. Brouillard jusque Rennes puis un très léger crachin jusque Roissy où nous arrivons peu après 06H00.

Un grand café et un croissant plus tard, quelle n'est pas notre déconvenue. Air France nous refuse l'embarquement, faute de visas ! Il s'ensuit une demi-heure de panique où les portables vont bon train. Tant à Doubaï qu'à Paris, tout semble inextricable jusqu'au moment où Vincent Dupont se présente avec une liste libératoire.

En salle d'embarquement nous faisons la connaissance de Marianne Guilloux, jeune passionnée d'endurance, du couple Michel et Jeannine Mareschal de Dijon. Jeannine Mareschal est présidente de la ligue pour la région de Dijon. En trois ans, ils sont passé de 1 à 14 clubs portant intérêt à l'endurance équestre, soit encore 45 cavaliers régulièrement inscrits en compétition. Nous faisons aussi la connaissance de Chantal Chékroun, propriétaire de Shabaya Al Shatane, la jument que montera Yvon. La discussion porte sur l'évaluation des chances des différentes nations. Chantal fait confiance à Yvon, elle nous confie : "Yvon fera tout ce qu'il entend, mais je sais qu'il me ramènera Shabaya vivante à l'arrivée". Une inconnue de taille : les Australiens, les USA et les Japonais, personne ne connaît la valeur de leurs chevaux.

Une fois à bord de l'avion, il nous faudra patienter une demi-heure supplémentaire pour que les extrémités des ailes veuillent bien se dégeler. Décollage peu avant midi, un moment fort pour le couple Le Méhauté qui connaît là, son baptême de l'air. Premières photos. Lorsque la couche de nuage est déchirée, les Alpes s'offrent aux yeux de Jeannine, Marguerite et Jean-Luc depuis la rangée centrale et surtout aux yeux de Marie Françoise et Étienne qui bénéficient de sièges côté hublot.

Il est 14H15, voilà maintenant deux bonnes heures que nous volons. Vincent pointe les supporters présents dans l'avion : nous ne sommes que 14. Deux personnes arrivées tardivement n'ont pas été autorisées à embarquer. Chacun d'entre nous reçoit une cocarde "Supporter de l'équipe de France". L'avion survole la Grèce, le ciel est couvert.

Le plateau repas qui nous est servi est copieux, poulet ou hoki au choix de chacun. Après la desserte, les hôtesses nous alertent : il faut cacher tout ce qui est susceptible d'attirer l'attention des contrôleurs qui vont monter à bord lors de l'escale de Riad. Jeannine est invitée à mettre son magazine "Femmes Actuelles" dans le coffre à bagages !

 

Nouveau départ de l'avion, l'ambiance dans la cabine est excellente. La moitié des sièges sont inoccupés, çà circule, fume et les discussions vont bon train. Les hôtesses sont détendues et très sympathiques. Marguerite et Jean-Luc se font offrir le champagne pour mieux digérer les gâteries du goûter.

19h00 à l'heure de la métropole, 22H00 à l'heure locale, Doubaï est annoncée. Il y fait beau temps, et c'est avec une pensée à nos amis restés en France que nous allons atterrir.

Les formalités à l'aéroport se résument à la formule : "Pas de problèmes !" et à une durée d'attente de 4h00. Au bout de tout ce temps, huit d'entre-nous récupèrent leur passeport et un visa, les neuf autres seront autorisés à quitter l'aéroport. Leur passeport est conservé par la police de l'aéroport. Il devrait leur être rendu le lendemain après l'établissement des visas correspondants.

Nous chargeons maintenant nos bagages dans une remorque attelée au car qui va nous permettre de rejoindre notre hôtel. Le chauffeur du car et son accompagnateur ont tous deux patienté tout ce temps ! Ils s'inquiètent de devoir attendre davantage ou de devoir revenir à l'aéroport pour prendre en charge les deux supporters manquants.

Tout au long du trajet, la ville de Doubaï se livre à nos yeux. L'urbanisation y est impressionnante : d'immenses tours de béton et de verre, la route avec ses 4 voies, les éclairages, tout ici est d'une dimension inconnue chez nous en France.

Commentaire entendu dans le car : "Pas de Cindy Crawford sur les publicités ici !". Au bout de 30 Km nous parvenons au Doubaï Park Hotel pour un sommeil réparateur. Cela fait maintenant plus de 40 Heures que je n'ai pas dormi, il est 04H00 à Doubaï.

 

Mercredi 9 décembre 1998.

Nous déjeunons dès 08H00 pour prendre en charge le 4x4 Toyota de 7/8 places, climatisé, à double réservoir et sans doute équipé de bien d'autres gadgets. Jean-Luc se voit confier la responsabilité de conduire cet engin de 4,5 litres de cylindrée et surtout, d'amener huit Français au bon port à la bonne heure. Les explications du loueur signalent les écuries de Ghantoot à quelques 5 Km en direction d'Abou Dabi, le groom de l'hôtel les localise à 50 Km. Au bout du trajet, il s'avère que c'est le groom qui avait raison : elles sont bien à 50 Km.

Nous nous présentons à l'entrée du complexe sportif de Ghantoot, surprise : un garde accueillant et parlant français nous accueille. Deuxième surprise, la voiture de la FFE avec Pierre Ollivier se présente à son tour à

 

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l'entrée. Nous suivons la voiture de la FFE sur une route bordée de palmiers. Des complexes équestres se succèdent, nous perdons la voiture de vue mais très vite nous parvenons aux écuries qui hébergent les chevaux de l'équipe de France.

Yvon et toute l'équipe de France, Shabaya qui porte le numéro 64 et les autres chevaux, tout le monde va bien et est heureux d'être là. Les carottes et les pommes amenées dans nos bagages sont les bien venues, nos sacs s'allègent d'autant, place au reportage. D'après Yvon, le cheikh Maktoum aurait déclaré l'équipe de France comme très dangereuse, à la presse.

Nous voilà maintenant à l'hôtel voisin qui héberge le secrétariat de la compétition. Un superbe palace dont l'accès est bordé par les drapeaux des pays qui vont participer à l'épreuve. Suzanne et Jemma sont également là, il y a donc beaucoup de Français au rang des

 

supporters. Nouvelle attente pour tenter, mais en vain, d'obtenir des laissez-passer pour accéder au site.

Des journaux sont à notre disposition. Nous obtenons aussi la liste des partants, la composition des équipes et surtout une superbe carte du circuit. Un feuillet récapitule les heures théoriques d'arrivée et de départ au plus tard, sur chacune des cinq boucles prévues pour des vitesses allant de 8,65 km/h à 20km/h. Les organisateurs situent l'arrivée des premiers concurrents entre 17H39 et 18H15, soit une prévision de 16 à 17 km/h de moyenne.

La vitesse minimale est fixée à 8,65 km/h, la récupération cardiaque à 60 pulsations minutes doit être constatée dans les 30 minutes qui suivent le franchissement de la ligne d'arrivée avec un droit à deux présentations.

Départ à
05H45

Longueur
de la boucle

Distance
cumulée

Couleur
des balises

Durée de
repos imposée

Heure d'arrivée
éliminatoire

1ère Boucle :

40 km

40 km

Jaune

40 mn

10H30

2ème Boucle

35 km

75 km

Orange

40 mn

15H15

3ème Boucle

36 km

111 km

Rouge

50 mn

19H55

4ème Boucle

37 km

148 km

Vert

20 mn

01H00

5ème Boucle

12 km

160 km

Blanc

 

02H45

Jeudi 10 Décembre 1998, jour J.

Nous sommes au rendez-vous sur la ligne de départ. Maya Killa Perringerard (n°59), Stéphane Fleury (n° 60), Jean Philippe Francès (n° 61), Yves Préveiraud (n°62), Brigitte Préveiraud (n°63), Yvon Ollivier (n°64) sont bien là. Les équipes des Émirats, la présidente de la FEI et surtout la famille Maktoum sont la cible des caméras des équipes TV. Le départ est donné à 05H45. Les cavaliers français sont dans le premier tiers des concurrents. Le cheval d'Yves Préveiraud a contracté un virus de grippe, il ne terminera pas la première boucle.

Nous faisons route pour le Vet. Par sécurité nous avions reconnu l'accès la veille, du moins pour la partie bitumée. La fin du parcours emprunte une piste dans le désert. Nous vivons une séquence du rallye Paris-Dakar : nous ne voyons pas les warning du véhicule qui nous précède, des véhicules croisent la piste en diagonale, nous sommes dans un épais nuage de poussière.

 

07H50 arrivée des premiers chevaux. 08H00 premiers passages au Vet-Gate, une dizaine de chevaux y sont déjà passés quand à 08H02, Shabaya y pénètre à son tour menée par Yvon. Déjà le n° 62 reprend la piste en tête, viennent ensuite les n° 7, 3, 10, ,11, 86, 31, 88, 112, 121, 124, 9. A 08H37 Stéphane Fleury et Roc'h partent sur la deuxième boucle. Une minute plus tard, c'est Brigitte Préveiraud (n°63) et Jean Philippe Frances (n° 61) qui le suivent. Yvon et Shabaya prennent la piste à 08H40 en même temps que le n° 161. L'allure est donnée, elle est soutenue, les premiers sont à plus de 20 km/h !

Yvon parti, nous entrons timidement dans une tente Hilton, climatisée. Le ciel de la tente est doublée de soie, son sol est moquetté de rouge. Un buffet y est offert à tout un chacun par le cheikh : miel, confitures, pâtisseries, pan-cake… à volonté. Le service est impeccable. Vers 10H00, le brouillard de poussière est tombé, le ciel est bien bleu et la chaleur commence à poindre. Yvon devrait arriver dans le quart d'heure.

10H15 les n° 129 et 160 franchissent la ligne, suivis à une minute par le n° 7, Nelson monté par le cheikh Maktoum. A 10H17 c'est le n° 81 qui arrive suivi de trois autres cavaliers à trois minutes. Yvon et Stéphane terminent la deuxième boucle à 10H21. Au même moment le n° 35 prend le départ pour cette même deuxième boucle, c'est dire si les écarts sont déjà énormes ! 10H29 trois nouvelles arrivées : celles des n° 61, 59 et 63.

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10H31 Stéphane présente Roc'h au contrôle, le n° 61, Univers du Verdier le suit 3 minutes plus tard. 10H31 c'est au tour du 59 et du 63 de se soumettre au contrôle, Yvon présente Shabaya à 10H37. La chaleur s'est installée, les climatiseurs prévus pour chaque box tournent à plein régime pour rafraîchir et humidifier l'air ambiant. Une équipe TV interview Stéphane Fleury. Au premier Vet-Gate, c'était Yvon qui avait été sollicité par Pierrette Bresse de France 2.

10H10 troisième départ de Stéphane et Roc'h sous les applaudissements. A 10H14 départ de Maya sur Varoussa, une minute plus tard départ d'Amélie n° 63 avec un cafouillage de Brigitte Préveiraud lors de la présentation de la carte magnétique. Il est 10H16 quand Yvon prend à son tour le départ en poussant son juron favori, protestant par-là du relâchement du jury qui tardait à le libérer.

13H45 Michel nous rejoint au déjeuner, il sort à l'instant du box de l'équipe de France. Selon lui, un groupe de huit chevaux s'est constitué en tête de la course. Ce groupe est mené par Tareq (n°129) qui ne paraît pas crédible, deux Français seraient dans ce groupe, les quatre autres Français suivant à une courte distance. Nous sommes impatients de voir arriver nos cavaliers.

14H10 Stéphane Fleury et Roc'h sont les premiers français à terminer cette troisième boucle, il fait 38 à 40° sur le circuit. Yvon franchit la ligne à son tour à 14H27. Il est 14H34 quand trois Français présentent leurs chevaux au contrôle vétérinaire : Maya Killa Perringerard avec Varoussa (n° 59), Brigitte Préveiraud avec Amélie (n° 63) et Jean Philippe Francès avec Univers du Verdier (n° 61). Un peu plus tard nous connaissons une grosse frayeur, Shabaya est invitée à se présenter une deuxième fois, sa récupération cardiaque est trop élevée ! Au deuxième passage la jument d'Yvon est reconnue apte pour un quatrième départ.

Dans les box de l'équipe de France, les signes de fatigue sont bien présents. Yvon a les traits tirés, il se plaint encore de sa jambe gauche. La douleur le fait boiter, mais déclare-t-il : "je ne ressens rien à cheval…". Il s'efforce de boire. Mauvaise nouvelle à 14H20, Amélie, le cheval de Brigitte Préveiraud est éliminé pour boiterie. L'équipe de France se trouve réduite à trois cavaliers. Il lui faut maintenant décider d'une nouvelle stratégie. Stéphane et Jean Philippe devront ralentir pour permettre à Yvon de remonter ses 9 minutes de retard.

Stéphane et Jean-Philippe sont déjà sur la boucle, Yvon se rend sur la ligne de départ quand brutalement l'informatique s'arrête, plongeant les porteurs du tee-shirt "Keep Timer" dans le désarroi et la désorganisation la plus totale. Au lieu de poursuivre à donner les

 

départ, voilà que tout s'arrête. La bureaucratie reprend ses droits, ça sent le coup fourré…

Il est 14H53 quand enfin, les départs sont donnés de nouveau, et "à la main" bien entendu ! Shabaya a mis à profit cet interlude pour uriner. Yvon est de nouveau sur la piste, pourvu que les deux autres Français n'aient pas trop attendu. Notre équipe de supporters se remet de ses émotions en avalant quelques yaourts. Certaine personne s'asseyant même sur les problèmes (comprendre le journal du jour qui rapporte beaucoup sur l'événement, où bien sûr, les Français ne figurent pas à la place qui leur revient). Renversant ! Tout comme le serveur qui entreprend de me laver la jambe et le sac du caméscope avec du jus d'orange frais.

Suzanne, sa fille Jemma font équipe avec Luc Hascouet et son père, le propriétaire de Roc'h, Chantal Chékroun, la propriétaire de Shabaya al Shatane est également avec eux ainsi que Mme Morvan. Ces six personnes ont vécu des moments forts dans le désert, où elles errent depuis ce matin à la recherche de la bonne piste pour atteindre le Vet-Gate. Toutefois ces erreurs de navigation les ont placés sur le circuit et leur ont permis de voir les cavaliers et leurs chevaux en course, mais à quatre femmes à l'arrière d'un véhicule de tourisme… Bravo mesdames !

16H15 les trois premiers cavaliers franchissent la ligne d'arrivée. Il s'agit du n°3, Ratzia d'Alauze monté par le fils Maktoum, du n° 5, Abrock Théodore monté par Mohamed Ali Al Shafar et du n° 7, Nelson monté par le cheikh Mohamed Bin Raschid Al Maktoum. Suspense et appréhension chez les Hascouet père et fils, Stéphane et Roc'h ne sont pas en vue, ils étaient pourtant signalés dans le groupe de tête. Des bruits courent : Pierre Ollivier a eu écho qu'un grand nombre de vans ambulanciers circulent sur la piste pour rapatrier et perfuser des chevaux. Jean Pierre Porquier nous salue, il est lui aussi sur le terrain depuis le matin.

16H27 gros bruit de foule, le n° 162, High Winds Jedi (arabe de 15 ans) monté par l'Américaine Valérie Kanavy s'élance au grand galop pour la dernière étape de 15km. Le n° 162 est suivi à quelques mètres par le n° 79, Faris Jabar (arabe de 9 ans) monté par l'Italien Fausto Fiorucci, au grand galop lui aussi. A 16H 31 le n° 86, Natsu (arabe de 9 ans) monté par le Japonais Midori Yasunaga prend à son tour le départ. A 16H 32 départ du n° 3, Ratzia d'Alauze puis à 16H44 départ du n° 164.

17H00 toujours pas d'arrivée française, les lampadaires sont allumés, dans une demi-heure il fera nuit. Le public se concentre maintenant sur la ligne d'arrivée.

17H05 les deux chevaux français, Varoussa et Univers du Verdier montés par Maya Killa Perringerard et Jean Philippe Francès terminent leur quatrième boucle. Ils sont suivis d'un groupe des E.A.U. En ce moment les Émirats seraient en tête du classement par équipe suivis des Américains ou bien des Italiens.

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Impossible de savoir, il n'y a aucun classement affiché ! Nelson, le n° 7 monté par Maktoum est arrêté et ne repartira donc pas. Inquiétude pour Roc'h et Stéphane, on ne sait pas les localiser sur la piste !

17H10 Shabaya et Yvon franchissent la ligne, il a doublé Stéphane et compte tenu de son handicap au départ de cette quatrième étape, il est possible qu'il soit premier Français au temps compensé. Si les trois Français terminent l'épreuve, ils sont assurés de la médaille d'or par équipe !

17H14 Roc'h et Stéphane franchissent la ligne à leur tour, nous doutons tous de la bonne forme de Roc'h, rendez-vous dans 20 minutes pour le contrôle…

17H20 Arrivée au sprint de l'Américaine et de l'Italien. Valérie Kanavy emporte l'épreuve avec moins de deux longueurs d'avance sur l'Italien : Quelle santé, vraiment très impressionnant, bravo, bravo et encore bravo. L'Europe est battue par l'Amérique en Asie. Dès la ligne franchie, le cheikh Maktoum et sa suite viennent féliciter l'Américaine. Le Japonais Natsu et son cavalier Daisuke Yasunaga prennent la troisième place, il est 17H25.

17H33 les deux premiers chevaux français s'engagent à leur tour sur la dernière boucle, il fait nuit, nous nous rendons au box français où la détresse est de mise. En effet, les deux cavaliers bretons ne pourront pas repartir : moment fort, très fort d'émotion. Pierre Cazes interviewé par Pierrette Bresse de France 2, regrette l'achat des chevaux français par le cheikh. Il souligne la jeunesse de son équipe qui a disposé d'à peine six mois pour se préparer à l'épreuve et parle même du manque d'expérience de ses cavaliers !

La déception de ce soir doit céder la place au souvenir demain.

21H05 28 chevaux sont arrivés, nous sommes passés à l'infirmerie, Shabaya et Roc'h vont bien. Tous les chevaux admis à l'infirmerie sont perfusés après une analyse sanguine tout aussi systématique. Yvon souffre encore de sa jambe et déclare n'avoir jamais été si fatigué.

23H00 nous retournons à l'infirmerie après avoir dîné. Pierre Ollivier et Nicole Fleury sont vannés. Pierre ne supporte plus d'attendre. C'est sa dernière nuit à Doubaï. Une jeune dame vétérinaire se met en quatre pour aider les chevaux et cavaliers français à quitter cet endroit. Deux, trois puis quatre aller-retour entre les camions et l'infirmerie, et enfin l'embarquement a lieu. Nous reprenons la tôle ondulée et le sable de la piste. A la sortie du camp, nous retrouvons les camions. C'est en convoi que l'on rejoint le bitume au bout d'une demi-heure d'inconfort. Sur le trajet du retour nous croisons des cavaliers encore en course, chaque cheval est éclairé par un 4x4 à sa suite. Dans la voiture qui nous ramène à l'hôtel, l'unanimité se fait pour reconnaître que l'assistance de l'équipe de France a fait défaut dès la fin

 

de la course. Seul, le vétérinaire de l'équipe est passé pour commenter les analyses de sang. Les propriétaires des chevaux ne se sont pas manifestés, déçus du manque de considération de la part de Pierre Cazes à leur égard.

Vendredi 11 décembre 1998.

La remise des prix aura lieu ce soir à Abou Dabi à partir de 19H00 dans le grand stade Al Zahyeb. Il nous est recommandé de nous y présenter une heure avant par précaution. Nous décidons de nous rendre aux écuries de

Ghantoot pour assister à la sélection des trois meilleurs chevaux qui seront admis à concourir pour le prix de la meilleure condition. De là nous poursuivrons notre route pour Abou Dabi.

Daniel Ollivier, le frère d'Yvon, y commente l'organisation. Pour lui, tout a été confié à des spécialistes anglais ou bien américains avec un objectif : tout faire pour la course, les concurrents ; mais rien pour le public, les accompagnants et autres supporters qui se sont vus enfermés dans la prison dorée du Vet-Gate central. Daniel souligne le caractère inadmissible de la panne informatique et ajoute que si l'on a affaire à un professionnel, cheikh Maktoum devrait distribuer quelques remerciements dès aujourd'hui !

Le stade Al Zahyeb accueille 40 à 50 000 personnes pour un spectacle grandiose, mirifique à la mesure des ambitions des émirs qui cherchent à se supplanter l'un l'autre. Il n'y a pas trop de 5 000 enfants costumés pour composer les figures. Des lasers, des feux d'artifice, des sauts en parachutes, un lâcher de ballons colorés, des chameaux ou dromadaires, quelques chevaux, de la musique tout y était, sauf…

 

Une remise de prix digne de l'événement que nous venons de vivre hier. C'est à la sauvette et en arabe, une traduction anglaise quasi inexistante, que les noms des trois premiers sont cités. La foule du stade siffle et conspue les noms des trois premiers cavaliers étrangers pour réserver ses applaudissements, nourris cette fois, un vrai délire, quand les résultats du championnat des émirats est donné. Aucun hymne national n'est joué, la remise des prix n'aura guère duré plus de 5 minutes. "The show must go on".

Et quel show ! qui donne quelque peu froid dans le dos. Le stade est rempli d'une foule acquise à la cause des princes. Comme me confiait Jean Pierre Porquier, ça nous ramène quelque part 50 ans en arrière du côté de Nuremberg. Une tribune d'hommes en blanc, une autre tribune d'hommes en blanc avec quelques femmes en

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noir, une tribune officielle et une dernière tribune réservée aux familles où nous trouvons.

Le show est tellement bon que l'émir Al Zayed demandera à le rejouer, nous retournons à l'hôtel. Nous ne savons pas, et bien d'autres non plus, qu'une autre cérémonie de remise des prix est prévue à l'hôtel Jazirra, cérémonie qui sera suivie d'une fête. Dommage.

Samedi 12 décembre 1998.

Place au tourisme dans les souks de Doubaï, marché de l'or où il y a profusion de bagues, bracelets, colliers en or, en argent et autres pierres précieuses. Magie de l'Orient, les bourses se délient, les bonnes affaires se négocient dans la bonne humeur.

 

Dimanche 13 décembre 1998.

Rendez-vous sur la plage puis visite d'un hôtel 7 étoiles avant de retourner dans le désert à la recherche d'un contact avec les dromadaires. La rencontre ira bien au-delà de nos espérances, puisque les Pakistanais en charge des dromadaires se prêtent au jeu et nous invitent à en monter un. Farniente ensuite à la piscine de l'hôtel avant de reprendre l'avion du retour.






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